Le Déni
"Ils sont au pouvoir,
elles sont au service"

Le Drenche, 28 mars 2019

La religion, obstacle à l’égalité des sexes ?

Si la tradition catholique a élaboré des mythes et des récits qui désignent la femme comme aide de l’homme, elle a aussi institué un droit pour affirmer la supériorité masculine et exclure les femmes de tout pouvoir : le sacerdoce, l’enseignement et le gouvernement.

La religion : obstacle à l'égalité des sexes? - Le Drenche



Qui dit Église catholique, dit pape, assemblée de cardinaux, d’évêques, de prêtres. Quand les médias en parlent, ils donnent à voir et à entendre tant d’hommes et si peu de femmes : elles n’ont aucune responsabilité dans la hiérarchie.

Les femmes sont marginalisées ou culpabilisées

Les paroles du magistère catholique sont exclusivement masculines et assignent un rôle subalterne aux femmes construit à partir de deux archétypes féminins qui les culpabilisent : Ève et Marie. Ève est pensée à partir de son péché, associée au serpent, à la ruse et à la curiosité : des clichés qui alimentent toujours le discours sur les femmes envisagées spontanément comme séductrices et tentatrices. À la figure d’Ève, la religion catholique oppose celle de Marie, vierge et mère. Ce modèle est contradictoire : une vierge n’est pas encore mère et une mère n’est plus vierge. Aucune femme ne sera jamais à la hauteur de Marie, modèle inaccessible et donc secrètement dévalorisant. Coincées entre la sainte et la pécheresse, les femmes se sentent toujours un peu coupables.

La soumission comme modèle

Cette culpabilisation a pour conséquence leur soumission. Oui est la seule parole autorisée, à l’image de Marie répondant à l’ange Gabriel dans la scène de l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ». Sans le consentement à leur destin de servir et d’enfanter, la soumission des femmes ne tiendrait pas. Le consentement de Marie permet de faire de l’obéissance une vertu donnée en modèle pour toutes les femmes. Parce que les femmes ont intériorisé leur infériorité et leur soumission, elles acceptent de se mettre au service et de se taire. Comment pourraient-elles y échapper, puisque ce sont des paroles masculines qui le leur assignent au nom de Dieu ?

La tradition a institué un droit pour affirmer la supériorité masculine

Si la tradition catholique a élaboré des mythes et des récits qui désignent la femme comme aide de l’homme, elle a aussi institué un droit pour affirmer la supériorité masculine et exclure les femmes de tout pouvoir : le sacerdoce, l’enseignement et le gouvernement. L’appropriation de la parole est la clé de la domination masculine qui est ébranlée quand les femmes osent prendre la parole, ce que montre le mouvement MeToo. Ce schéma mental – les hommes au pouvoir, les femmes au service – se retrouve dans la religion comme dans la société. Coupable, soumise, servante et muette, voilà l’idéal féminin selon l’institution catholique qui reste un obstacle à l’égalité des sexes.